Biographie d'Eloy d'Amerval

« Disciple, bien humble, des chantres et musiciens, et clerc des rhétoriciens, prêtre indigne et pauvre pécheur » (Eloy d’Amerval, Le Livre de la Deablerie).

Bien que le château de Châteaudun ait connu une activité artistique florissante entre les 15e et 16e siècles, il demeure difficile d’établir un lien entre des œuvres musicales et la Sainte-Chapelle qui s’y trouve. Si la présence de musiciens est attestée, les sources ne permettent pas d’identifier avec certitude les compositions qui y auraient été interprétées ou créées. Un nom et une œuvre émergent pourtant lorsque l’on confronte des informations de nature différente : Eloy d’Amerval (c. 1440-c.1508) et sa Missa Dixerunt discipuli.

Probablement originaire de Béthune ou d’Amerval (Pas-de-Calais), Eloy d’Amerval débuta sa carrière en 1455 comme chantre (ténor) à la chapelle ducale de Savoie sous la direction de Guillaume Du Fay (c. 1397-1474). Il gagne ensuite Blois en 1464 pour se mettre au service du frère de Jean de Dunois (1402/03-1468), le prince et poète Charles d’Orléans (1394-1465). Peu après, il devient maître de chœur à la collégiale Saint-Aignan d’Orléans, puis à l’église Saint-Hilaire le Grand de Poitiers (1476-1480). Il revient à Orléans comme maître de chant à la cathédrale Sainte-Croix. C’est durant cette période qu’il conçoit une composition, aujourd’hui perdue, pour la fête annuelle commémorant la libération d’Orléans du siège des Anglais par Jeanne d’Arc (c. 1412-1431). Elle sera encore chantée au 17esiècle.

Eloy d'Amerval

Portrait d’Eloy d’Amerval, Le Livre de la Deablerie, Paris, Michel Le Noir, 1508, pag. 7 © BNF

Eloy a été marié et aura au moins un fils qui décède en 1505. Le compositeur est alors veuf. Il est entré en prêtrise et est chanoine de Châteaudun. N’occupant plus de fonction musicale, il se consacre à la rédaction d’un Livre de la Deablerie qui est imprimé à Paris en 1508. Les 20 000 octosyllabes de ce poème font dialoguer Satan et Lucifer : Satan expose à son disciple les moyens de corrompre les hommes tout en passant en revue les vices et défauts de la société.

Eloy meurt peu après la publication de son poème. Le théoricien Johannes Tinctoris (c.1435-1511) qui vivait à Orléans dans les années 1460 lui assure une réputation de compositeur très savant (doctissimus) que confirme son unique composition préservée, la Missa Dixerunt discipuli.

En savoir plus sur Eloy et sa messe : Magro & Vendrix 1997

En savoir plus sur la biographie : Higgins 2009

Découvrir Le Livre de la Deablerie